Novecento: pianiste 2

Ça arrivait toujours à un moment ou à un autre, il y en avait un qui levait la tête... et qui la voyait. C'est difficile à expliquer. Je veux dire... on y était plus d'un millier, sur ce bateau, entre les rupins en voyage, et les émigrants, et d'autres gens bizarres, et nous... Et pourtant, il y en avait toujours un, un seul sur tous ceux-là, un seul qui, le premier... la voyait. Un qui était peut-être là en train de manger, ou de se promener, simplement, sur le pont...ou de remonter son pantalon... il levait la tête un instant, il jetait un coup d’œil sur l'Océan... et il la voyait.
Alessandro Baricco

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