Iceberg 23 et fin

Elle halète, pleure, rit tout ensemble en saisissant dans ses bras Georges qui s’est mis à hurler.
- Georges, mon chéri, sanglote-t-elle, mon ange, mon trésor, mon tout-petit !
Elle le berce. Elle lui murmure des mots mystérieux, qu’il comprend et qui l’apaisent. Ils se sourient ; de nouveau les voilà ensemble, complices, dans un tête-à-tête dont je suis exclu. Je n’existe plus. Irène ne m’accorde pas un regard.
Elle ne paraît pas soupçonner la responsabilité que j’ai eue dans l’accident. Si elle s’en doutait, me
dénoncerait- elle ? Ça ferait bien l’affaire des journaux à sensation : « Un jeune homme tente de supprimer le bébé de trois mois pour épouser la mère… ».
Mais il n’y aura pas de gros titres, parce que je suis malin et qu’Irène ne se doute de rien. Je me penche sur Georges et je fais à ce gêneur, que son père n’a pas reconnu, des: « Gui, gui, gui, gui », des « areuh, areuh » et des « agoo, agoo, agoo ».
C’est ma manière à moi de lui dire dans sa langue : « Aujourd’hui, Georges, tu t’en es bien tiré, mais je
recommencerai, à l’occasion d’un autre week-end. Je recommencerai, Georges, et cette fois-ci, je ne te
raterai pas ! »
Et Georges semble me comprendre, car il me regarde fixement, fait la moue et se remet à hurler.
Fred KASSAK

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