Le secret de maître Cornille 12

Ah ! le vieux sorcier ! il faut voir de quelle manière il me reçut. Impossible de lui faire ouvrir sa porte. Je lui expliquai mes raisons tant bien que mal, à travers le trou de la serrure ; et
tout le temps que je parlais, il y avait ce coquin de chat maigre qui soufflai comme un diable au-dessus de ma tête.
Le vieux ne me donna pas le temps de finir, et me cria fort malhonnêtement de retourner à ma flûte ; que, si j’étais pressé de marier mon garçon, je pouvais bien aller chercher des filles à la minoterie… Pensez que le sang me montait d’entendre ces mauvaises paroles ; mais j’eus tout de
même assez de sagesse pour me contenir, et, laissant ce vieux fou à sa meule, je revins annoncer aux enfants ma déconvenue… Ces pauvres agneaux ne pouvaient pas y croire ; ils me demandèrent comme une grâce de monter tous deux ensemble au moulin, pour parler au grand-père… Je n’eus pas le courage de refuser, et prrrt ! voilà mes amoureux partis.
Alphonse Daudet

Identifiez-vous pour jouer

Commentaires