La petite fille de M. Linh 47

Le vieil homme regarde les yeux de Sang diû. Ce sont les yeux de son fils, ce sont les yeux de la femme de son fils, et ce sont les yeux de la mère de son fils, son épouse bien-aimée dont le visage en lui est toujours présent à la façon d’une peinture finement tracée et rehaussée de couleurs
merveilleuses. Allons, voilà que son cœur bat de nouveau trop fort, au souvenir de cette épouse en allée il y a si longtemps pourtant, alors qu’il était un homme jeune, que son fils avait à peine trois ans et ne savait pas encore garder les cochons ni lier le paddy.
Elle avait des yeux très grands, d’un brun presque noir, ourlés de cils aussi longs que des palmes, des cheveux fins et soyeux qu’elle nattait sitôt les avoir lavés dans la source.
Philippe Claudel

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