La petite fille de M. Linh 44

Monsieur Linh était fort alors. Il avait porté la tante sur son dos durant presque tout le voyage de retour. Tous ses muscles saillaient sur son corps. Il avait les bras puissants, prompts à arrêter un buffle en l’empoignant par les cornes. Ses jambes aussi étaient puissantes, sur lesquelles il prenait
appui pour retourner d’un coup de hanche ses adversaires à la lutte durant la fête du village. C’était il y a longtemps. Sang diû n’était pas née, bien sûr. Ni le père de Sang diû, son fils. Monsieur Linh était encore un jeune homme qui n’avait pas pris femme et sur le chemin duquel les jeunes filles
se retournaient et gazouillaient à la façon des oiseaux au printemps.
Philippe Claudel

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