La petite fille de M. Linh 100

Un peu plus tard, lorsqu’il se retrouve seul avec l’enfant, dans la chambre, que sont parties la jeune fille, la femme du quai et la femme en blanc, Monsieur Linh regarde les murs, nus et beiges. Il se rappelle alors les grandes cages qu’il a aperçues dans le Parc où se pressent les familles et les
enfants. Et puis, comme une flèche invisible tirée contre son cœur, il revoit l’immensité des rizières, adossées à la montagne et qui étendaient leurs vertes aigrettes jusqu’à la mer qu’on savait là-bas, au loin, sans jamais aller la voir.
Il s’assied sur le lit, prend l’enfant sur ses genoux, lui caresse le front, les joues, passe ses doigts maigres et noueux sur la petite bouche, sur les paupières. Il ferme les yeux et murmure la chanson.
Philippe Claudel

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