La petite fille de M. Linh 29

Lorsqu’il faisait sec, les cochons y dormaient en se vautrant dans la poussière, tandis que les chiens s’y poursuivaient en aboyant. Au village, tout le monde se connaissait, et chacun en se croisant se saluait. Il y avait en tout douze familles, et chacune de ces familles savait l’histoire des autres, pouvait nommer les grands-parents, les aïeux, les cousins, connaissait les biens que
les uns et les autres possédaient. Le village en somme était comme une grande et unique famille, répartie dans des maisons dressées sur des pilotis, et sous lesquelles les poules et les canards fouillaient le sol et caquetaient.
Le vieil homme se rend compte que lorsqu’il parle en lui-même du village, c’est au passé qu’il le fait. Cela lui pince le cœur. Il sent vraiment son cœur se pincer, alors il pose fortement sa main libre sur sa poitrine, à la place du cœur, pour faire cesser le pincement.
Philippe Claudel

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