Le temps des cerises (70)
Après dépouillement des votes, le 28 mars 1871, la Commune est proclamée sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris devant une foule enthousiaste.
Parmi les élus, on forme un conseil de 92 membres, dont 15, issus des quartiers bourgeois, refusent de siéger. La majorité des élus sont issus du monde ouvrier ou petits artisans. Une autre grande partie du conseil est constituée de professions libérales et intellectuelles (journalistes, avocats, médecins...).
Dans 62 jours, la Commune aura cessé d'exister...
Ces élections avaient été marquées la veille par l'affichage de "L'appel du Comité central de la Garde nationale" dont voici la 2ème partie qui donne un éclairage intéressant sur ce que peut être une véritable démocratie :
"CITOYENS,
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne considèrent que leurs propres intérêts et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l'action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel. Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs de connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.
Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres."