Le temps des cerises (119)

Parmi les témoins du défilé des franc-maçons, il y avait une institutrice qui allait devenir célèbre. C'est l'occasion de faire son portrait.

Témoignage – Louise Michel, 41 ans, institutrice, membre du comité de vigilance de Montmartre
"Ce fut un spectacle comme ceux des rêves que ce défilé étrange, …., voir cette file de fantômes allant avec une mise en scène d’un autre âge, dire les paroles de liberté et de paix qui se réaliseront dans l’avenir. L’impression était grande, il fut beau de voir l’immense cortège marchant au bruit de la mitraille comme en un rythme.
Il y avait les chevaliers Kasoches avec l’écharpe noire frangée d’argent. Les officiers rose-croix, le cordon rouge au cou, et tant d’insignes symboliques que cela fai­sait rêver. En tête, marchait une délégation de la Commune avec le vieux Beslay, Ranvier, et Thirifocq, délégué des francs-maçons.
Des bannières étranges passaient, la fusillade, le canon, les obus faisaient rage.
…..
Le cortège spectral parcourut la rue Saint-Antoine, la Bastille, le boulevard de la Made­leine, et par l’Arc de Triomphe et l’avenue Dau­phine, vint sur les fortifications, entre l’armée de Versailles et celle de la Commune.
Il y avait des bannières plantées de la porte Maillot à la porte Bineau; à l’avancée de la porte était la bannière blanche de paix, avec ces mots écrits en lettres rouges: "Aimez-vous les uns les autres." Elle fut trouée de mitraille. Des signes s’étaient échangés aux avancées entre les fédérés et l’armée de Versailles; mais ce fut seulement passé cinq heures que cessa le feu; on parlementa et trois délégués francs-maçons se rendirent à Versailles où ils ne purent obtenir que vingt-huit heures de trêve..."

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