Le temps des cerises (100)

Témoignage de A. de Balathier Braguelonne, 60 ans, journaliste
Sur la grande avenue des Ternes les obus et les balles même arrivent par rafales; aussi les omnibus s’arrêtent-ils au boulevard Jérôme. Ce matin, au moment de commencer leur service, conducteurs, cochers, chevaux et voitures, restèrent plusieurs heures sans pouvoir sortir du dépôt: une de ces trombes de fer les tenait emprisonnés. À la première accalmie, tout le monde partit au galop pour aller stationner à la limite du faubourg.
Pendant cette tempête, un pâtissier de l’avenue, M. Soudet, qui courrait chez le boucher voisin pour faire ses provisions, fut atteint par un éclat d’obus qui le renversa, foudroyé; le malheureux avait la poitrine ouverte.
Un peu plus loin, deux passants furent presque au même instant renversés sur le trottoir.
Dans une des maisons d’angle de cette même avenue, une bombe crève un mur, traverse la chambre d’un conducteur d’omnibus qui s’apprêtait à partir pour son travail, atteint le pauvre homme et va éclater plus loin.

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