La petite fille de M. Linh 113

Lorsque ses yeux se sont habitués, il remarque alors la présence d’un homme, assis sur un rocher, à quelques mètres. L’homme lui tourne le dos. Il regarde le paysage de la forêt. Il fume une cigarette. Des branches mortes craquent sous les pas de Monsieur Linh. L’homme se retourne et l’aperçoit. Il sourit, secoue la tête avec satisfaction. Monsieur Linh aussi sourit en voyant que l’homme assis est le gros homme, son ami.
«Vous en avez mis du temps! J’ai fumé dix cigarettes déjà! Je me demandais si vous alliez venir...», dit le gros homme, faussement en colère.
Monsieur Linh comprend parfaitement ce que dit son ami et ne s’en étonne même pas.
«C’est que le chemin est long. J’ai marché, j’ai marché, ça n’en finissait pas», répond-il. Le gros homme lui aussi semble parfaitement comprendre ce que dit Monsieur Linh, et cela ne l’étonne pas davantage.
«J’ai eu peur que vous soyez déjà parti, que vous ne m’ayez pas attendu...
- Vous plaisantez, dit le gros homme. Je suis tellement heureux chaque fois que je vous vois. J’aurais attendu encore des jours et des jours s’il avait fallu.»
Ces dernières paroles touchent beaucoup le vieil homme. Il serre son ami dans ses bras, et lui dit simplement «Venez».
Philippe Claudel

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